Carol Delage – Monument Expiatoire

En excursion intérieure
La mesure des contours de moi-même
Sans figures et sans barrières.

Dans mon noir lumineux,
Ultime sanctuaire,
La douleur des dissonances
Est sans égal.

Et la parole
Tantôt mouvante
Tantôt mourante
Est en alliance
Avec le silence.

Sous la peau ,
Le monument
Expiatoire.

Texte : Carol Delage

Céramique : Carol Delage

Aliénor Oval – Genèse

Un oiseau
Dans le larynx
Mort de n’avoir
Plus de mot
Sur mes lèvres
Des plumes
Grenat
Se désagrègent
En poussière
Froide
Constellant
Mes songes
Embrasés
Le soleil palpite
Une dernière fois
Avant de sombrer
Dans une nuit
Amnésique
Où se fond
L’encre de mes mots
Perdus
A rebours
Vers le crépuscule
Aux couleurs
Flamboyantes
Zoom sur l’or
Du ciel
Heure éternelle
En boucle
Au ralenti
En apesanteur
Aux confins
D’un atome
Qui contient
L’ultime
Exaltation
Des corps
Dans le vide
Immense
D’un instant
Dont la fin
Précède
Le début

Texte : Aliénor Oval

Illustration : Maria Oval

Dominique Bergougnoux – À quoi bon péter plus haut que son cul

Nous serons tous un jour
mêmes grains de poussière
dans la mâchoire du monde

Des premiers pas sur terre
à la marche funèbre
qui suivra nos cendres
il n’y a qu’un instant

Une page balbutiante
de larmes et de rires
qu’un dernier râle efface

L’empreinte fugitive
d’une saison d’humain
dans l’immensité bleue

Texte : Dominique Bergougnoux – Dans la tempe du jour, éditions Alcyone, 2020

Grégory Rateau – En Compagnie de Prevel

Et si un homme se levait
et si cet homme te relevait
que deviendrais-tu ?
sans nul doute son disciple
son marchant de rêves
son Judas officiel

Des ennemis par milliard
conspirent
à longueur de bonsoirs
sur tes Poèmes mortels
ils tirent à la Courtepaille :

ce sera à celui
qui le premier
fera de tes vers
la plus belle boulette
immortelle

Il te l’a dit mille fois
hurlant en boucle
radiophonique :

Le poison fait effet
Vous n’êtes déjà plus parmi nous
Les autres veulent
vous nuire
Vous envoûter
Fuyez !

et toi
bien trop poète
tu continues à boire
à croire
tu tends la main
à ton époque
et ses hypocrites
tutoiements

La pluie n’est plus la pluie
ta chambre n’est plus là-haut
Artaud n’est plus le Momo
ton nom n’est plus Prevel
tu n’es plus rien
ta révolte si

Version téléchargeable

Inédits de Grégory Rateau

Crédit dessin : Antonin Artaud

HAGAKURE du Combat Ordinaire – Partie 4 – Patrick Prigent

31

Vouloir donner de soi
une image positive
c’est encore s’ancrer
dans une émotion
qui ne dépend
pas de nous


32


Distingue
Savoir et Connaître


33


La peur
se souvient du passé
Mais elle n’a pas
la mémoire
de l’avenir


34


N’accuse pas ton maître
d’être son esclave
Regarde tes chaînes
comme celles d’une ancre et
change simplement de mouillage


35


L’univers
est une immense
toile d’araignée
qui relie toute chose et tout être
Si je ploie de ce côté
je soulève de l’autre


36


Le vent change de chant
selon que celui qui l’écoute
se trouve dehors
ou dedans


37


Tu es le microcosme
d’un macrocosme
qui lui aussi
tout entier
respire
s’expanse et se rétracte


38


Il peut
pleuvoir des cordes
je m’en fais une échelle


39


Ceux qui n’ont
pas de voie
la suivent
Ceux qui suivent
n’en ont pas


40


Je ne sais pas
ne pas relire
les pages que je tourne
Je l’ai longtemps pensé
avant d’enfin comprendre
qu’il s’agissait des pages
que d’autres
avaient tournées pour moi

Texte : Patrick Prigent – HAGAKURE du combat ordinaire – Travail en cours